Homme fort de Fontenay-le-Comte depuis son arrivée au club en tant que directeur sportif, Gérard Nicol conduit, cette année, aux destinés de l'équipe première promue en CFA. Avec une certaine réussite et beaucoup humilité.
De grâce, ne vous fiez pas aux apparences quand vous croisez Gérard Nicol. Celle du « monsieur tout le monde », l'allure nonchalante voire apathique, les cheveux grisonnants, inconditionnel d'une paire de lunettes classique mais d'un autre âge. Celle du professeur de sport, adepte du bas de survêtement et de la parka épaisse, devenu aigris avec l'âge à force de tenir le même discours. Non, de grâce...
Il faut regarder ailleurs pour cerner le personnage décrit il y a 30 ans par les journaux charentais comme étant « un faux lent sur le terrain ». « C'est vrai, mon principal défaut en tant que joueur c'était la vitesse, avoue un brin amusé Gérard Nicol. Aujourd'hui encore, on me considère comme étant quelqu'un de calme ». Un a priori vite balayé d'un revers de la main... plutôt d'un coup de pied quand vient le temps de parler foot.
Passionné et pragmatique dans l'âme, ce Rochelais d'origine avance dans le foot comme il avance dans la vie. Avec humilité, respect des relations humaines et détermination.
Le foot avant l'argent
« Si les choses fonctionnent en ce moment à Fontenay, c'est parce qu'il y a des liens forts, que ce soit entre les joueurs, le président et moi-même », insiste l'entraîneur à la cinquantaine bien tassée. Je ne serais pas là si je n'avais pas senti cet esprit ». Une union, il est vrai, facilitée par la modestie du club et donc de ses moyens eu égard aux exigences financières que suppose la CFA.
« Dans ce club, il n'y pas d'argent en jeu. Les joueurs ont été recrutés parce qu'ils pensaient football avant salaire. C'est un vrai collectif. » Et les résultats en championnat lui donnent raison.
Mais ce discours fédérateur n'explique pas à lui seul la dynamique fontenaisienne. Gérard Nicol, c'est aussi un CV bien rempli en tant que joueur mais surtout comme entraîneur. Car seule une blessure aux quadriceps, à l'âge de 16 ans, aura eu raison de ses espoirs d'une carrière plus grande. « J'étais en partance pour Sochaux avant ma grave blessure · mais à l'époque ça ne se soignait pas. À mon retour, j'ai joué à La Rochelle en D2, puis en D3 jusqu'en DH. »
Del Bosque, Courbis...
Un parcours sur le terrain qui trouva logiquement un écho sur le banc mais cette fois-ci dans la peau du technicien. Un costume qu'il endosse d'abord sous les couleurs de l'ASPTT La Rochelle. Il y fait ses gammes, apprend, toujours inspiré par ses principes. Le jeu, les joueurs, les gens... le football en somme.
Inspiré aussi par ses rencontres dans le milieu, à l'image de ces semaines passées au centre de formation du Real de Madrid avec Del Bosque, auprès de Joël Müller à Metz ou encore Rolland Courbis à Bordeaux.
« J'ai eu la chance de rencontrer le président d'un petit club qui était surtout l'un des premiers intermédiaires entre les pros et les clubs à l'époque. Je lui ai simplement demandé de m'introduire un peu dans son univers ». Une parenthèse profitable et riche d'expérience sans pour autant l'éloigner de ses convictions.
Fidèle parmi les fidèles, son travail se conçoit dans la durée. « Je suis resté au moins trois ans dans chaque club. Le seul avec lequel cela n'a pas marché, c'est Laleu La Rochelle. J'étais en désaccord avec l'entraîneur qui concevait le foot différemment ». Une pige de quatre mois et puis s'en va. Au plus grand bonheur des Fontenaisiens.
Jérome Heurtebize
Presse-Océan